Comme vous le savez je considère que les yogis doivent acquérir une très bonne connaissance de leur corps qui est, comme je le répète souvent, votre meilleur allié. Généralement nous avons tous une certaine connaissance des muscles, des tendons, des ligaments et des articulations . Par contre rares sont ceux qui ont une bonne idée de ce que sont les fascias alors que leur importance est primordiale pour un bon fonctionnement et une prise de conscience optimale du corps.
Les fascias forment un réseau complexe reliant le sommet du crâne aux orteils comme une toile d’araignée allant de la superficie de la peau jusqu’à l’intérieur de la cellule . Ils offrent au corps une unité fonctionnelle.
Ils jouent un rôle essentiel dans le maintien de la forme du corps. Pour mieux comprendre, il suffit d’imaginer par exemple une orange et de se représenter les fascias comme les structures qui séparent les différents quartiers qui soutiennent la pulpe du fruit comme ils entourent les muscles, les ligaments, les articulations …
Par leurs étroites relations avec le système nerveux, ils participent à l’interconnexion de notre corps avec notre corps émotionnel et mental. Les tensions faciales sont impliquées dans nos réactions émotionnelles et plus largement dans l’équilibre de nos centres énergétiques .
Nos fascias possédent six fois plus de terminaisons nerveuses sensibles que nos muscles : ce sont donc des organes de perceptions très importants pour l’écoute de notre corps.
Les fascias sont aussi appelés tissus conjonctifs ou connectifs. Ce sont des membranes plus ou moins élastiques capables de se contracter et d’influencer notre dynamique musculaire et articulaire et par là permettre la transmission des forces et le contrôle du mouvement pendant l’exécution de nos postures. Plus important encore les fascias nous permettent de prendre conscience de notre niveau d’inconfort et de nos sensations. L’innervation sensitive des fascias participe à la proprioception ou kinesthésie ( perception de la position ou du mouvement des différentes parties du corps) qui est essentielle dans la pratique du yoga.
Ils sont considérés comme des tissus réactifs qui grâce à leur élasticité permettent de bien répartir les forces dans le corps. Le stress qui s’y manifeste empêchent l’énergie de se diffuser librement , crée donc au début de l’inconfort mais a terme est source de douleur et de mal-être : le fascia se rétracte , se crispe et se 'colle' perturbant l’équilibre général de tout le corps.
Les fascias sont constitués de 70 % d’eau permettant de bien gérer les contraintes physique et les tensions mécaniques. On considère que plus les fascias ont de l’eau et plus il nous permettent d’être fluide, dynamique et réactifs dans nos mouvements. Ils sont comme du gel : humide, moelleux et glissants . En cas de déshydratation il ne glissent plus les uns sur les autres et ne jouent plus le rôle d’amortisseur.
Le manque de mouvement dans certaines parties du corps entraîne le 'collage' des fascias causant des douleurs que l'on considèrent comme indéfinissables (non détectable par des méthodes conventionnelles comme de la radiographie). Dans le cas par exemple des douleurs dorsales, certaines études démontrent que les disques intervertébraux ne seraient responsables que dans 20 % des cas le reste relevant de fascias 'coincés' ou bien devenant collant et durcissant par manque d'exercices. De plus le tissus fascial étant comparable à une large toile d'araignée les douleurs migrent à travers le corps.
Dans la pratique du yoga on tend les fascias dans toutes les directions. On vise à créer des étirements dans la chaîne des fascias. Les mouvements dans le flow yoga ou le maintien de posture dans le Yin yoga visent ainsi à maintenir l’élasticité et la souplesse de notre réseau de fascias. Ainsi en travaillant une zone , on fait profiter l’ensemble.
Il est aussi admis que le yoga est une des pratiques les plus efficaces pour maintenir les fascias en bonne santé ou pour les remettre en bon état.
Pour terminer il est aussi utile de mettre en évidence le rôle particulier la respiration sur les fascias. Celle-ci elle est accompagnée du mouvement du diaphragme mobilisant son fascia musculaire lors de l’inspiration et de l’expiration. Ce mouvement modifie la pression sur presque l’ensemble des fascias ce qui permet par la respiration consciente de percevoir les sensations dans l’ensemble du corps et de contribuer ainsi à l’apaisement du stress.
Au cours de la séance je reviendrai sur une variante du lézard qui est un posture d’ouverture des hanches et du bassin. Elle étire les muscles ishio-jambiers, les fléchisseurs de hanches et les quadriceps.
Elle travaille aussi le muscle ilio-psoas qui fait le lien entre le bassin et la colonne vertébrale en y faisant circuler l’énergie souvent bloquée à cet endroit. En effet, le psoas réagit très fortement aux peurs et stress. De plus les postures assises ne permettent pas au psoas de s’étirer convenablement accumulant ainsi les tensions.
Le lézard nous enseigne symboliquement qu'il faut savoir rester immobile lorsque la situation le requiert, et rester immobile ne signifie pas être passif mais avoir une meilleure vision de ce qui se passe autour de soi.
