mardi 6 août 2024

Séance de Hatha du 8 aout 2024 - C'est le moment de recharger ses batteries !


En cette période de plein été ,  je vous propose de vous concentrer sur le premier de nos centres énergétiques : le centre racine car très souvent dans la pratique du yoga on s'intéresse plutôt  aux  autres que ce soit  le centre sacré avec le lâcher-prise, le plexus solaire avec l'énergie de la passion , ou bien encore  le coeur avec les  besoins d'affection et d'amour. 

Pourtant dans tout projet ou entreprise il faut commencer par la base  et s'assurer que l'on ne bâtit pas sur du sable. 


Ce premier centre énergétique ( nommé Muladhara) constitue donc le fondement de la vie car il  canalise l’énergie terrestre.  Ce sont nos instincts de survie et de procréation qui résident dans ce centre. On pourrait dire que ce centre est la racine principale de notre arbre de vie. La terre représente tout ce qui est stable et ferme, en nous et dans le monde extérieur comme les montagnes par exemple. Il est donc naturel que ce centre gouverne dans notre corps tout ce qui est solide : os, dent, ongles...Ce centre est également en rapport  avec  le sens de l'odorat. On peut ainsi constater que les créatures qui sont en relation  étroite avec la terre ont un sens développé de l'odorat. Au niveau des personnalités, les individus qui sont ancrés à la terre sont très souvent des bons hommes d’affaires qui ´sentent ´ quand c’est le moment de conclure. En Ayurveda, ce sont les personnes ayant un dosha dominant de type Kapha. 


En cette période, cette connexion énergétique entre le corps humain et la Terre Mère  est sensiblement puissante . Pour la plupart d'entre nous les  contacts fréquents avec la nature stimule ce centre énergétique  . C'est donc le bon moment de favoriser au maximum nos sensations et nos sentiments d’appartenance à celle-ci: se balader ou pratiquer des activités à l'extérieur , aller courir et respirer, admirer un beau paysage, les arbres et les fleurs , se coucher dans l'herbe ...ceci afin de ressentir et de nourrir nos  émotions liées au pouvoir de la nature. 

Se relier à la terre c'est favoriser à travers  notre ancrage et notre stabilité la capitalisation de l'énergie vitale  ..sans aller jusqu'à la lourdeur et la rigidité. 


En terme de circulation énergétique, ce centre canalise l’énergie qui monte par nos pieds, jambes pour la traiter au niveau du périnée et du coccyx. Cette énergie sera consacrée à assurer notre survie d’abord et ensuite nos besoins fondamentaux . Traiter ces besoins de base est un passage obligé avant de s'occuper de ses plaisirs et du lâcher-prise ( le centre sacré)  ou de son égo (le plexus solaire) et de la confiance en soi ou bien encore de notre dimension spirituelle (notre soi supérieur et notre intuition).  


 Lorsqu'on est un pratiquant avancé on ressent très clairement cette énergie : elle nous pousse  à bouger et à nous mettre en mouvement. Les pieds, les jambes, notre plancher pelvien sont les portes d'entrée des énergies telluriques ...l'equivalent des racines de l'arbre plongeant celles-ci dans la terre pour ensuite déployer ses branches et aller vers le ciel et le soleil. Certaines danses et musiques produisent des effets puissants sur ce centre comme le  jazz par exemple ou même la musique de fanfare. 


L'été est la période idéale pour recharger ses batteries et soutenir  les pratiquants qui  ont des dysfonctionnements au niveau de ce centre énergétique .  Ceux qui ont un profil Ayurveda avec un dosha dominant de type Vata en ont souvent besoin plus que les autres.Vu que leur conscience s'oriente naturellement vers le 4ème et 5ème chakras il se sentent  parfois plus facilement en insécurité . Ils développent donc souvent  un excès de vigilance pour un environnement jugé hostile ou menaçant pour la survie alors qu'il ne l'est pas. 


De plus, considérant que  les médias ont  tendance à déverser chaque jour sur nous des centaines de nouvelles qui activent  les peurs existentielles (guerres, sécurité, maladies, pollution, ...) , il est difficile pour la plupart de ne pas être affecté .

Il en résulte qu'on ressent un manque d'énergie pour agir et se mobiliser. D'où l'importance de se recentrer sur la terre en coupant son accès aux médias (télévision, ordinateur , portable ...) du moins de temps à autre.  Il peut même être utile de limiter temporairement les contacts avec des personnes particulièrement anxiogènes. 


Ce centre  fonctionne aussi au ralenti quand le désespoir s’installe à la suite par exemple de la perte d’un emploi, l’échec d’une relation, la perte d’un être cher. C’est le mental qui contracte l'entrée du flux énergétique en acceptant l’histoire du désespoir et de l’impuissance racontée par nos émotions. 

Dans ces cas là on est souvent pris dans des rêveries, « la tête dans les nuages » (et pas les pieds sur terre ! ) et on est envahi par un sentiment de fatigue générale car on n'arrive pas à lâcher-prise sur ces émotions négatives dont la racine principale est la peur liée à la survie : comment assurer ses besoins sans emploi, sans l'entourage d'êtres chers ...


C’est pourquoi il est si important de s’accrocher au ‘ici et maintenant’ et de ressentir l'aspect matériel de la vie . Le sentiment d’appartenir a un groupe, à un clan , à une famille , d'avoir des amis  joue aussi un grand rôle dans la stabilisation de ce centre et son capital énergétique . Cela rassure et donne confiance afin de progresser sur le chemin du pouvoir intérieur en transférant cette énergie vitale aux autres centres. 


Lors de la pratique du yoga, ce centre est stimulé par la contraction racine ou du périnée et une pratique posturale adaptée (squat, posture de la  pointe des pieds, la pince, la chaise, les guerriers ...). En contractant on doit s'imaginer cette énergie se concentrant en une boule à la base de la colonne en cherchant ensuite à la diffuser  en parcourant les autres chakras le long  de la colonne . Retenons aussi que cultiver l'énergie de la terre c'est prendre soin de nos racines physique c'est-à-dire  renforcer nos jambes, nos chevilles, nos genoux, nos pieds tout en relâchant les tensions dans ces zones pour éviter la rigidité. 


Finalement, un bon fonctionnement de ce centre se manifestera  par un amour exubérant de la nature , un sentiment de sécurité et une grande vitalité. 




Au cours de la séance j'introduirai la posture de la charnière qui est une flexion latérale étirant le côté du corps et permet de raffermir la zone pelvienne en engageant le premier centre énergétique . Elle tonifie l'abdomen  , les côtés du torse, la colonne vertébrale. Elle étire également les ischio-jambiers, le grand fessier, les pectoraux , les intercostaux et les obliques. Elle ouvre les épaules et favorise la capacité des poumons à respirer profondément.

vendredi 2 août 2024

Séance de Yin du 5 aout 2024 - Sommes nous condamnés à osciller entre les contraires ?

 Pourquoi s'intéresser à la dualité  ? Est-il correct de prétendre que la dualité est à l'origine de nos souffrances ?  Quelle est la relation entre yoga et dualité ? Le yoga nous aide-t-il à dépasser la dualité ? Examinons ensemble ces questions. 

A première vue on pourrait se dire que si ce monde s'est construit sur base de la dualité et des contraires (jour/nuit, froid/chaleur, attraction/répulsion, bien/mal, plaisir/douleur, corps/mental ...) il vaut mieux s'en faire une raison et qu'il n'est pas vraiment opportun de tenter d'y échapper. C'est la trame de notre vie un point c'est tout !

Pourtant la racine du mot yoga (yug) signifie union, nous invitant à unir les opposés , ou plutôt à les transcender . Les maîtres yogis nous explique ainsi que  la dualité n'est qu'une apparence ou une illusion et que la réalité (Brahman)  est de fait non-duelle tout comme  le Soi profond (Atman). 

Le yoga est ainsi  le chemin du dépassement de la dualité et des contraires. Emprunter le chemin du yoga c'est permettre l'unification  du corps et du mental sous l'égide de la conscience du Soi. Le yogi cherche à  transcender les oppositions qui caractérisent notre société ou notre monde pour devenir un observateur neutre des événements. 

Ce terme de non-dualité dérive du mot sanskrit 'advaita' qui signifie 'pas deux' autrement dit 'absence de séparation'. La séparation est une illusion générée par notre EGO avec les conséquences que nous vivons tous les jours : incompréhension, isolement, violence, compétition ...Pour le grand philosophe indien Shankaracharya le chemin de la connaissance du Soi passe par la non-dualité : ' Ayant traversé l'océan de l'ignorance et tué les démons des attractions et repulsions , le voyeur ( le témoin en nous)), uni à la tranquillité , est suprêmement heureux dans la félicité de son propre Soi '

Mais comment vivre cette expérience de non-dualité  capable de nous libérer de la souffrance alors que presque tout  nous incite à vivre  autrement, à prendre parti, à nous opposer .

1. En premier lieu il faut se rendre compte  que notre expérience de vie est dualiste et que nous oscillons continuellement entre deux extrêmes. Lorsque nous agissons en aidant la société on pourrait dire que l'on acquiert du mérite et qu'à l'inverse si nous nuisons à autrui ou à nous-même nous générons du démérite Toutes nos actions ont ainsi des effets dans un sens ou dans un autre . C'est la théorie du karma ou de la loi de cause à effet . 'Qui sème le vent récolte la tempête ' dit le proverbe. Nous sommes ainsi continuellement sous l'emprise des effets de causes multiples  et de nos réactions à leurs conséquences. Il semble très difficile de sortir de ce cercle infernal d'actions et de contre-réaction entrainant selon la philosophie indienne la ronde des réincarnations. 

2. Si on estime que l'on a suffisamment souffert de cette ronde , il devient logique de vouloir prendre en main les causes de ces oscillations plutôt que d'essayer d'en  maîtriser les effets. C'est un grand gaspillage d'énergie que de se battre contre les conséquences de nos actions passées.  Neutraliser notre Karma nous aide a sortir de sa roue. Mais comment faire ? Pour cela nous devons remonter aux causes pour chacun des problèmes que nous rencontrons  : cela s'applique aussi bien aux relations humaines conflictuelles , qu'aux maladies , qu'aux dépendances (drogues, alcool...), qu'à la violence ...Cela demande un grand travail de prise de conscience, d'observation de soi et de nos mécanismes émotionnels et mentaux. 

3. La troisième étape  doit s'accompagner d'acceptation, d'absence de jugement et de pardon  : voir avec les yeux du coeur pour sublimer ce qui doit l'être. Le yoga ne demande pas le sacrifice ni même de prendre en main le karma des autres. Il demande que nous arrêtions cette oscillation entre les  contraires et d' accepter l'unité, de pratiquer pour apprendre à connaitre le Soi qui est UN  et dissiper ainsi l'ignorance origine de la souffrance . 




Au cours de la séance nous reviendrons sur la posture du pigeon couché qui est idéale pour ouvrir les hanches et renforcer le dos. Il y a plusieurs variantes de cette posture que l'on appelle le cygne en Yin yoga.  Dans la photo la posture est celle du pigeon au repos . Elle permet d'étirer le psoas en profondeur . Elle équilibre nos deux premiers centres énergétiques (racine et sacré) en lien avec nos besoins de sécurité, de stabilité, de confiance . C'est une posture qui a le don d'ouvrir la porte à nos émotions. Elle n'est pas considérée comme une posture facile mais au vu de ses bienfaits elle mérite qu'on la pratique souvent.