vendredi 12 septembre 2025

Séance de Yin du 15 septembre 2025 - Le corps mental



Dans la tradition du yoga, notre être est composé de plusieurs enveloppes ou kośas. Après avoir exploré le corps physique, énergétique et émotionnel, nous arrivons maintenant à la quatrième enveloppe : le corps mental.


Le mental est une dimension subtile mais omniprésente. Il est à la fois un outil précieux et une source de souffrance. Tant qu’il joue son propre jeu, il nous échappe et devient un maître tyrannique. Mais si nous apprenons à l’observer et à l’apprivoiser, il peut devenir un serviteur fidèle de la conscience.


Le yoga selon Patañjali : l’arrêt des fluctuations du mental


Dans le Yoga Sūtra, Patañjali définit le yoga comme « citta vṛtti nirodhaḥ » : l’arrêt des fluctuations du mental.

Un sūtra est une phrase brève, destinée à être mémorisée. Le recueil attribué à Patañjali en compte 195. Peu importe que Patañjali ait été une seule personne ou plusieurs auteurs : son œuvre reste une référence intemporelle.

Pourquoi « arrêter les fluctuations du mental » plutôt que de se contenter de rechercher plus de souplesse ou de gérer son stress — ce que d’autres disciplines comme la danse ou le sport permettent déjà ?


Parce que le yoga est un chemin de transformation profonde. Il vise l’harmonie intérieure, la joie et la paix durable.


Le mental, source de tourments et de potentialité

Des études modernes confirment ce que savaient les anciens yogis : plus le mental est agité, plus il est difficile d’être heureux et de goûter pleinement à la vie.


Notre mental est comme une machine à penser, capable de générer des centaines de pensées en un instant, souvent récurrentes et automatiques. Cette mécanique peut devenir envahissante, créant doutes, inquiétudes et dispersions.


Le yoga ne cherche pas à détruire le mental, mais à l’apaiser et le remettre à sa juste place : celle d’un outil au service de la conscience.


Les causes des fluctuations


Avant de « contrôler » son mental, il faut comprendre ce qui l’agite.

Beaucoup de perturbations proviennent de nos conditions de vie :

  • le travail et son rythme,

  • les relations familiales et sociales,

  • l’environnement dans lequel nous vivons.

Si ces facteurs génèrent des tensions permanentes, il ne suffit pas de quelques heures de yoga par semaine pour trouver la paix intérieure. La pratique doit s’accompagner d’un effort pour cultiver un environnement plus harmonieux.


Les outils du yoga pour calmer le mental


Une fois cette prise de conscience faite, le yogi peut apprendre à ralentir sa « machine à penser » et devenir témoin du discours intérieur.


Les outils proposés par le yoga sont multiples :

  • Les postures (āsanas) ramènent l’attention dans le corps.

  • La respiration (prāṇāyāma) régule directement l’activité mentale.

  • La concentration (dhāraṇā) canalise l’attention.

  • La méditation (dhyāna) ouvre à une vision claire et apaisée.

Peu à peu, par la conscience et l’observation, le mental retrouve son calme et son rôle véritable.


Posture cible : la Tortue (Kurmasana, version yin)


Pour explorer cette enveloppe du corps mental, nous choisissons la Tortue, une posture yin profondément introspective.

  • Comment ?

    Assis, les jambes écartées, le buste s’incline doucement vers l’avant. Les bras glissent entre les jambes ou simplement reposent devant soi. La tête et le dos se relâchent complètement. On peut utiliser des coussins ou un bolster pour soutenir le front, la poitrine ou les bras et trouver l’immobilité.

  • Effets sur le corps mental :

    La Tortue invite à se retirer dans sa carapace, à se couper des stimulations extérieures pour revenir à l’essentiel : l’écoute intérieure. Elle crée les conditions idéales pour observer les pensées avec recul et expérimenter le silence du mental.

  • Bienfaits :

    Elle étire en profondeur le dos et les hanches, tout en offrant un puissant message symbolique : plonger en soi-même, ralentir le flux mental, retrouver son centre et goûter à l’intériorité.


En chemin vers la paix intérieure


Le contrôle du mental n’est jamais immédiat : c’est un processus progressif, demandant patience et régularité. Mais chaque instant où nous devenons conscients de nos pensées, sans nous y perdre, est déjà une victoire.

Comme le rappelle Swami Ramdas :

« La vraie pauvreté est celle de l’âme, une pauvreté dans laquelle le mental est dans un tourbillon créé par les doutes, les soucis et les craintes. »


Lorsque le mental s’apaise, il laisse émerger la lumière de la conscience, ouvrant la voie vers la paix intérieure et la joie véritable.