mercredi 8 octobre 2025

Séance de Yin du 9 octobre 2025 - Explorer la conscience


“La conscience n’est pas une idée.

Elle est ce regard silencieux par lequel tout devient vivant.”


Lors de notre dernier stage dans le sud de la France, j’avais évoqué la relation entre notre état de conscience et l’activité du cerveau, sans avoir eu le temps d’approfondir ce sujet ni de vous laisser de support écrit.

Je m’étais promis d’y revenir, car c’est un thème essentiel, au cœur même de la pratique du yoga.

Nous entamons donc ici un nouveau cycle d’exploration consacré à la conscience, ou si l’on préfère, à la pleine conscience.

Nous l’aborderons pas à pas, à travers différentes dimensions : corporelle, énergétique, émotionnelle, mentale et relationnelle.

Chacune donnera lieu à un article et à une séance de yoga, afin d’unir compréhension et expérience directe.


Qu’est-ce que la conscience ?


Le mot conscience vient du latin cum scientia, “savoir avec”.

C’est cette présence intérieure qui nous permet de percevoir, de sentir, de penser et de savoir que nous sommes en train de vivre.

Dans la tradition du yoga, la conscience (Chit) est considérée comme la lumière originelle, ce qui illumine toutes nos expériences.

Elle n’est pas une production du cerveau, mais le champ dans lequel tout apparaît : le corps, les émotions, les pensées, les perceptions.


La conscience est ce fil silencieux qui relie tout ce que nous vivons.

Elle peut être diffuse ou claire, agitée ou paisible, restreinte ou expansive.

Tout le travail du yoga consiste à l’affiner, l’élargir, la rendre transparente.


Les ondes cérébrales : les rythmes de la conscience


Les neurosciences nous offrent aujourd’hui un langage fascinant pour parler de ces états intérieurs : celui des ondes cérébrales.

Selon la fréquence électrique du cerveau, notre perception du monde et de nous-mêmes se transforme.

  • Bêta (13 à 30 Hz) : activité rapide, pensée analytique, vigilance, stress.

  • Alpha (8 à 13 Hz) : rythme fluide, détente, attention ouverte, méditation légère.

  • Thêta (4 à 8 Hz) : lente, méditation, intuition, imagination.

  • Delta (0,5 à 4 Hz) : très lente, sommeil profond, régénération, inconscient.

  • Gamma (30 à 100 Hz) : très rapide, clarté, haute conscience, intuition, unité.


Ces ondes ne sont pas séparées : elles se superposent et évoluent selon notre respiration, nos émotions, notre état d’attention.

Lorsque nous méditons ou pratiquons le yoga, les ondes bêta (propres à l’activité mentale rapide) laissent progressivement place aux ondes alpha et thêta, celles du calme intérieur, de la fluidité et de la conscience élargie.


Le yoga agit ainsi comme un pont entre la biologie et la conscience.


Le yoga : une exploration des états de conscience


Chaque séance de yoga peut devenir une porte d’entrée vers un état de conscience particulier.

Par le souffle, la lenteur, la présence, nous apprenons à reconnaître ce qui se transforme en nous : le rythme du mental, la texture du corps, la clarté de la perception.

  • Par la posture (asana), nous éveillons la conscience du corps.

  • Par la respiration (pranayama), nous affinons la conscience énergétique.

  • Par la méditation (dhyana), nous accédons à la conscience silencieuse et stable.


Ces différentes facettes ne s’opposent pas : elles se complètent et s’enrichissent.

Elles forment un mouvement unique, une expérience progressive d’unification.


Les cinq dimensions de la conscience que nous explorerons

  1. La conscience du corps – sentir, habiter, écouter.

  2. La conscience énergétique – percevoir les flux subtils du souffle.

  3. La conscience émotionnelle – accueillir les mouvements intérieurs du cœur.

  4. La conscience mentale – observer les pensées sans s’y identifier.

  5. La conscience relationnelle et environnementale – percevoir l’unité du vivant.


Chaque étape fera l’objet d’un article et d’une séance de pratique correspondante, en particulier en yin yoga, discipline propice à la lenteur et à la perception subtile.


Une première exploration : le Sphinx



Pour notre première séance, nous commencerons par une pratique simple : le Sphinx (Salamba Bhujangasana, version Yin).

Cette posture n’introduira pas encore le thème spécifique de la conscience du corps – que nous aborderons plus en profondeur dans la séance suivante – mais elle servira de porte d’entrée :

une manière de ralentir, d’observer le souffle, et de se familiariser avec la présence intérieure.


Le Sphinx incarne la vigilance tranquille : le corps s’ancre dans la Terre, la colonne s’éveille, la respiration devient onde.

Il nous prépare à ressentir de l’intérieur ce lien intime entre corps, souffle et conscience.


Le corps est la porte, le souffle est la clé, la conscience est l’espace.”

Tradition yogique


Prochaine étape : la conscience du corps

Nous y reviendrons plus en profondeur lors de la prochaine séance, avec une nouvelle posture cible et une exploration sensorielle élargie.