Dans notre monde moderne, beaucoup croient que le mental détient la clé du bien-être.
Mais dans la voie du yoga, le corps est la première porte de la conscience.
C’est lui le messager — à travers ses tensions, ses raideurs, ses douleurs, il nous parle, il nous guide, il nous enseigne.
Il nous rappelle sans cesse à l’ordre : reviens à toi.
Le corps, un maître silencieux
Sur le tapis, le corps devient un compagnon sincère.
Il ne ment jamais.
Chaque résistance, chaque déséquilibre, chaque malaise est un message, parfois discret, parfois insistant.
Mais savons-nous vraiment l’écouter ?
Sommes-nous prêts à accueillir ce qu’il nous révèle — même quand cela dérange ?
Trop souvent, nous fuyons les sensations que nous jugeons « inconfortables ».
Nous évitons d’y plonger, par peur de ce qu’elles pourraient dire.
Pourtant, c’est là, au cœur même de la sensation, que commence le chemin de la conscience.
Quand le mental se fait obstacle
Le mental aime comprendre, analyser, contrôler.
Mais lorsqu’une émotion se manifeste dans le corps — une crispation, une lourdeur, une tension — il cherche à l’éteindre.
C’est ainsi que nous abaissons notre niveau d’attention et perdons le contact avec nous-mêmes.
Chaque tension refoulée devient une porte fermée sur un fragment de notre être.
Le yoga nous propose une autre voie : celle de l’observation sans jugement, de la présence simple et lucide.
Ne rien interpréter, ne rien fuir, juste sentir.
Apprendre le langage du corps, fait de chaleur, de pulsation, d’élan et de souffle.
La posture comme miroir intérieur
Dans chaque posture, nous rejouons ce dialogue entre action et réceptivité.
Nous engageons le corps, mais sans violence ;
nous respirons, mais sans effort ;
nous observons, mais sans intervenir.
C’est ainsi que naît le témoin intérieur : celui qui perçoit sans juger, celui qui sent sans se raconter d’histoire.
Chaque posture devient alors un champ d’exploration consciente, une conversation subtile entre effort et lâcher-prise.
🧘♀️ Posture cible :
Parighasana – la posture de la charnière
À genoux, une jambe s’étire latéralement, le pied bien posé au sol.
Les bras se soulèvent dans un grand élan d’ouverture.
La main du côté de la jambe tendue descend lentement pour saisir le pied ou la cheville,
tandis que l’autre bras s’élève, allongeant tout le flanc opposé.
Le regard suit la main qui monte, le souffle s’étire, la cage thoracique s’ouvre.
Points de conscience
Ressentir la stabilité de la base : le genou enraciné dans la terre, la jambe tendue comme un axe d’énergie.
Observer l’ouverture latérale du buste, la dilatation du souffle entre les côtes.
Sentir le lien entre le sol et le ciel, entre ancrage et expansion.
Écouter les asymétries, les zones de tension, les messages du corps sans chercher à corriger.
Invitation intérieure
Parighasana est une charnière au sens littéral et symbolique.
Elle unit l’intérieur et l’extérieur, la stabilité et la fluidité, la force et la douceur.
En elle, le corps apprend à s’ouvrir sans se perdre et à s’étendre sans se disperser.
Elle nous enseigne que la conscience du corps naît là où la forme s’efface et où le souffle devient guide.
Le corps comme voie d’éveil
Prendre conscience du corps, c’est revenir à la vie telle qu’elle est —
dans le mouvement, la chaleur, les micro-sensations, le flux du souffle.
C’est accepter de se laisser traverser par l’expérience, sans mentaliser, sans contrôler.
Peu à peu, les zones de tension s’apaisent, non parce qu’on les a forcées, mais parce qu’elles ont été entendues.
La conscience du corps est un premier pas, mais un pas essentiel :
c’est le retour à soi, à la présence, à l’unité.
Dans cette écoute, le corps devient temple, le souffle devient prière,
et la conscience devient lumière.
🌸 Pratiquez chez vous
Installez-vous à genoux, tendez la jambe droite sur le côté, inspirez pour élever les bras et laissez-vous aller dans l’étirement latéral.
Restez trois à cinq respirations profondes, puis changez de côté.
Sentez le souffle qui circule, le flanc qui s’ouvre, la conscience qui s’élargit.
Ne cherchez rien à accomplir : laissez simplement le corps vous parler.