Les résistances sont des forces quasi invisibles qui nous empêchent de faire les choses que nous souhaitons. Dans la vie courante elles se manifestent lorsque par exemple on s'apprête à débuter une activité et qu'on la remet au lendemain . Il arrive ainsi très souvent que l'on donne priorité à une distraction : je vais regarder mes mails, je vais regarder la TV, ou bien on argumente avec soi-même afin de saboter quelque projet que l'on voulait réaliser.
La résistance se situe ainsi entre le moment présent et là où l'on voudrait être : dormir au lieu de se lever pour faire du yoga, jouer à l'ordinateur au lieu de méditer , boire une bière au lieu de respirer . On souhaite donc une gratification immédiate plutôt qu'un mieux être dans l'avenir ... et c'est le piège dans lequel nous tombons très souvent avec le yoga . En effet, il faut patienter parfois longtemps pour que la pratique puisse nous procurer des effets durables.
Les résistances sont donc le premier frein à la mise en oeuvre de notre intention et c'est pourquoi il est si important de s'y intéresser et aussi de chercher à comprendre les messages qu'elles nous transmettent . Pendant la pratique elles se manifestent sur 3 plans : physique, émotionnel et mental :
Le niveau physique est le premier niveau de résistance qui se manifeste par une sensation dans le corps. On sent cette limite lorsque les muscles tendent à se contracter pour ne pas aller plus loin. Généralement on bloque sa respiration lorsqu’on sent une tension et une résistance des tendons, des muscles ou bien même des articulations. On commence à trembler et on peut ressentir comme une brûlure en retenant son souffle. On se dit : c'est trop dur pour moi, je n'ai plus envie de continuer.
Le niveau émotionnel de résistance se manifeste par un ressenti désagréable. On ressent une envie de sortir de la posture que ce soit du fait d’une peur (on a peur de se faire mal) , un ressenti d'irritation, d'impatience, d’une déception ou d’une tristesse, d’une anxiété diffuse, d'un sentiment d’abandon … sans raison apparente. Parfois on se dit que tout va bien, qu'on est à l'aise et on ne ressent pas l'envie de poursuivre. En fait c'est comme si on s'engourdissait.
On s'oppose à la manifestation d'une émotion car on considère que ce serait un aveu de faiblesse : un "masque" risque de tomber et on veut éviter que cela n'arrive.
Il est conseillé de saisir cet inconfort au vol : quel est cet état émotionnel qui émerge et d'où vient-il, quelle est l'émotion à l'origine de ce ressenti.
Au niveau mental la résistance se manifeste par un jugement. On a des pensées qu’il faudrait arrêter, qu’on ne pourra pas tenir, qu’on va trop loin, que tout cela ne sert à rien…qu’on a l’air stupide et qu'il ne se passe rien de spécial. Eventuellement on se sent frustré en se disant qu’on arrivera jamais à réussir cette posture. On se dit que c'est trop dur , qu'on n'est pas fait pour cette pratique . C'est d'ailleurs bien souvent une croyance qui est en cause que l'on pourrait qualifier de limitante. Une autre forme de résistance plus subtile est la distraction ...la tendance à se mettre en pilote automatique. On effectue la posture, mais en fait le mental est ailleurs sur le lieu de travail ou de nos prochaines vacances, on oublie de se concentrer sur la respiration, sur le ressenti ... En fait on fuit le moment présent pour ne pas ressentir et on fait du yoga comme une simple activité physique distrayante.
On peut éventuellement se mettre ' à réfléchir ' à notre état émotionnel mais cela ne consiste pas à la perception des ressentis.
Pour appréhender ces limites il est nécessaire de concentrer son attention au moment où une tension se manifeste nous empêchant d’exécuter pleinement la posture. Il est recommandé d’adopter l’attitude d’un témoin (amusé et curieux ) qui explore ces sensations, son ressenti ou ses jugements avec compassion. En plus idéalement il faut lâcher-prise sur ses croyances.
Pour explorer la limite physique, le yogi utilise la respiration qu'il étire progressivement (longue et profonde inspiration et relâchement à l'expiration) tout en maintenant son attention sur l’endroit tendu. Il essaye de saisir comment les sensations fluctuent avec son souffle et ses mouvements (ou micro-mouvements ) .
En ce qui concerne la limite émotionnelle, il est recommandé de s’arrêter quelques instants et d’activer le témoin en nous et de demeurer aussi présent que possible. On reprend calmement son souffle et on revient tout en douceur dans la posture pour observer la manifestation de l’émotion avec la conscience du moment présent. Il faut chercher la résonance avec la substance de l'état émotionnel au moment où l'inconfort se manifeste.
Cette manière de faire permet de libérer ainsi la résistance d'origine émotionnelle .
Il est conseillé de se concentrer sur l'origine de son ressenti émotionnel : sentiment de rejet, d'humiliation, d'injustice, de trahison ...sans manipuler notre expérience. De cette manière nous allons intégrer nos charges émotionnelles . Et personne ne peut accomplir cela à notre place !
Pour ce qui a trait à la résistance mentale, il est conseillé de prendre conscience des jugements qui émergent , d’adopter une attitude conciliante de lâcher-prise, de reconnaissance des pensées qui surgissent, de remerciement pour le message transmis par le mental. Il faut simplement reconnaître que la résistance trouve son origine dans une de nos croyances ou d'une émotion (que le mental relaye) et qu'il est naturel d'essayer de s'opposer au changement. Le mental tentera toujours de nous éloigner de ce qui se passe au niveau physique et émotionnel, il essayera de nous faire quitter la conscience du moment présent et de ce qui est en train de se passer car le mental s'inscrit uniquement dans le temps : passé ou futur. C'est pourquoi il est si important de se concentrer sur sa pratique au moment présent , sur le ressenti et la respiration dans l'instant afin de tirer la leçon de l'expérience et de la tentative de distraction . Dans ces cas, une dose du pouvoir de la volonté (sans acharnement) pour trouver la tension juste est aussi souvent nécessaire pour lâcher-prise en réactivant son intention. Tout est une question d'équilibre : ni trop de tension pour lutter contre une résistance mentale , ni trop de détente qui nous entraine vers de la torpeur.
En conclusion, le travail d’exploration des résistances physiques, émotionnelles et mentales est au coeur de la pratique du yoga. En apprenant à les connaitre on se prépare à les transcender afin d’approfondir sa pratique.
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Pendant la séance je reviendrai sur la posture de la charrue (Halasana en sanskrit) que l’on est invité à pratiquer souvent tellement ses effets bénéfiques sont grands notamment sur les glandes endocrines et le pancréas. Elle régularise notre 5eme centre d'énergie, celui de la gorge. En plus elle améliore la souplesse de la colonne vertébrale, tonifie le système nerveux, fortifie les muscles dorsaux tout en stimulant la rate, le foie et la digestion. Elle détend la nuque, le cou et les épaules ainsi que les ischions-jambiers . Cette postures soulage tout particulièrement les tensions dans la colonne vertébrale.