Rare sont ceux qui n'ont jamais entendu parler de pleine conscience (Mindfullness en anglais) . Ce sujet que l'on pourrait de qualifier 'à la mode' n'en est pas moins un très vieux concept que l'on relève dans des écrits anciens en Inde . Il consiste à porter son attention de manière intentionnelle dans le moment présent, sans jugement sur ce qui se trame d'instant en instant. En sanskrit c'est une technique méditative qui se nomme 'Vipassana' signifiant 'voir les choses telles qu'elles sont'. A noter d'ailleurs que la traduction que l'on en fait en français ne m'apparait pas comme optimale.
Depuis 40 ans environ, en occident, on s'intéresse de plus en plus à ce concept dans les entreprises et organisations, les hôpitaux, prisons, écoles...car sa pratique serait efficace dans les entreprises comme outil de management, dans les hôpitaux pour améliorer la santé des patients, dans les prisons pour réduire l'agressivité des prisonniers, et dans les écoles pour augmenter la capacité d'apprentissage. Beaucoup clament son efficacité pour gérer le stress, les angoisses, le harcèlement, le burn-out, augmenter l'immunité, traiter les addictions, le surpoids, les problèmes alimentaires...Certains deviennent même instructeurs de pleine conscience !
Historiquement les programmes de formation à la pleine conscience ont été lancées dans les années 80 par Jon Kabbat-Zin, docteur en biologie moléculaire et professeur aux USA. Son programme initial intitulé MBSR (Mindfullness-based Stress reduction ) a fait l'objet par la suite de nombreuses adaptations en se répandant dans le monde.
Mais n'est-ce pas aller un peu loin en faisant d'une technique, déconnectée très souvent du contexte dans lequel elle devrait se pratiquer, une fausse panacée sensée guérir les maux de notre système socio-économique ?
Dans le cadre du yoga , ce concept est un fondement de la pratique , car il contribue à prendre conscience des déséquilibres de nos divers centres énergétiques. C'est cette prise de conscience qui permet avec la pratique posturale et la respiration de rétablir la paix intérieure et le bien-être. Sans prise de conscience c'est de la gymnastique .
La (pleine) conscience doit s'exercer successivement sur le corps, la respiration, les émotions , les pensées , l'environnement et les relations.
Quand la (pleine) conscience s'applique au corps elle permet d'identifier ses limites, ses résistances, ses blocages, le rôle des sens, les sensations : elle consiste à habiter pleinement son corps.
Quand elle s'applique à la respiration elle permet d'identifier d'abord si l'ouverture est présente au niveau de l'abdomen, de la cage thoracique et de la partie pectorale. Elle permet de ressentir l'amplitude de celle-ci , de vérifier sa fluidité ainsi que le niveau de détente qui s'exprime lorsqu'on respire. Elle permet d'apaiser l'ensemble du triptyque : corps/emotions/mental. L'attention au souffle est le support à privilégier pour entrer dans l'instant présent : concentration sur la respiration abdominale, sensation du souffle au niveau des narines, rétention avec présence active, à l'expiration relâcher comme dans un soupir de soulagement et d'abandon.
Lorsque la (pleine) conscience porte sur les émotions elle doit permettre de qualifier la symphonie de celles-ci, comment elles se manifestent , leurs séquences (exemple : colère puis culpabilité , acceptation puis paix intérieure ...). Cette prise de conscience permet d'en ressentir les effets sur le corps, comment elles nous préparent à l'action , celles qui sont agréables et celles qui nous freinent dans nos élans permettant ainsi une auto-régulation.
Au niveau des pensées, elle donne l'occasion d'identifier le jeu entre émotions et pensées, l'émergence des jugements afin de ne pas se laisser embarquer par eux , les croyances qui nous portent ou qui nous freinent, à lâcher-prise sur les pensées qui ne sont pas en ligne avec notre intention ...
La (pleine) conscience de l'environnement doit nous conduire à ressentir quand nous sommes alignés avec la nature et le monde qui nous entoure , quand nous nous sentons portés dans nos projets ou nos intuitions ou au contraire quand le milieu environnant nous freine dans nos actions et/ou détruit notre santé.
La (pleine) conscience des relations doit conduire à appréhender l'influence des autres , si notre attitude est bienveillante, pleine de gratitude, si nous sommes synchrone avec les personnes qui nous entourent ou si nous sommes à recherche de reconnaissance ...
En conclusion la pleine conscience est un programme très vaste qui déborde la pratique du yoga dans la vie courante . Elle demande de la discipline mais c'est une expérience libératrice qui se développe sur base de l'inspiration et de la motivation.
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