Régulièrement, je reviens sur le thème de la respiration — le prāṇāyāma — car le souffle est la porte d’entrée vers une conscience plus fine du corps, des émotions et du mental.
En contrôlant la respiration, l’attention se recentre sur le moment présent : les distractions mentales s’estompent, les émotions s’apaisent, et l’esprit s’ouvre à un état méditatif naturel.
🌬️ Ujjāyī — le souffle victorieux
La respiration Ujjāyī, appelée aussi le souffle de l’océan ou la respiration victorieuse, est une technique essentielle dans les pratiques dynamiques comme le vinyasa flow, l’ashtanga ou le power yoga.
Elle accompagne le mouvement, soutient l’endurance et harmonise le corps et l’esprit.
Cette respiration se pratique en resserrant légèrement l’arrière de la gorge, au niveau de la glotte, comme si l’on voulait prononcer un doux « haaa », tout en gardant la bouche fermée.
Le passage de l’air se fait uniquement par le nez, créant un son continu et apaisant, semblable au bruit du vent ou des vagues.
Pour bien pratiquer, on s’appuie sur une respiration diaphragmatique complète :
à l’inspiration, on remplit d’abord le bas des poumons (le ventre se gonfle), puis le milieu et le haut en ouvrant la cage thoracique ;
à l’expiration, on active la zone abdominale en rapprochant le nombril de la colonne vertébrale, dans un flux régulier et conscient.
Sur le plan physique, Ujjāyī renforce le diaphragme, nettoie la gorge et favorise une meilleure oxygénation.
Elle crée une chaleur interne, soutient les muscles dans l’effort et apporte une sensation d’énergie stable et durable.
Sur le plan mental, le son du souffle agit comme un fil conducteur : il aide à rester concentré, présent et ancré dans le mouvement.
La respiration devient méditation en action — un souffle conscient qui unifie corps, cœur et esprit.
🗡️
Virabhadrāsana I
— Le Guerrier qui s’élève par le souffle
Le Guerrier I symbolise la capacité du yogi à avancer avec force et confiance, tout en gardant le cœur ouvert.
Les jambes s’ancrent solidement dans la Terre, tandis que le buste et les bras s’élèvent vers le Ciel.
C’est une posture d’action maîtrisée, idéale pour ressentir la chaleur intérieure générée par le souffle Ujjāyī.
Mise en place
Depuis Tāḍāsana (la Montagne), écartez les pieds d’environ une longueur de jambe.
Tournez le pied avant à 90 °, et le pied arrière à environ 45 °. Les hanches font face à l’avant.
Pliez le genou avant au-dessus de la cheville, sans la dépasser.
À l’inspiration, levez les bras au-dessus de la tête, paumes face à face.
Gardez le coccyx dirigé vers le sol et le ventre légèrement engagé pour protéger les lombaires.
Orientez le regard (dṛṣṭi) vers l’avant ou légèrement vers le haut, dans une vision calme et claire.
Points d’attention
Ne forcez pas l’alignement des hanches : ouvrez légèrement le pas si besoin.
Gardez les épaules relâchées.
Si la respiration devient tendue, réduisez l’amplitude du mouvement.
Respiration
Ujjāyī
Laissez le souffle guider la posture :
Inspirez pour vous élever, expirez pour vous enraciner.
Le son doux du souffle devient le moteur intérieur du Guerrier, unifiant la force et la sérénité.
⚔️ Transition vers
Virabhadrāsana II
— Le Guerrier de la Présence
Depuis le Guerrier I, on peut entrer naturellement dans Virabhadrāsana II, symbole d’ouverture et de discernement.
Cette transition illustre le passage de l’énergie ascendante (Guerrier I) vers une énergie rayonnante (Guerrier II).
Transition
Sur une expiration lente, abaissez les bras à l’horizontale, paumes vers le sol.
Ouvrez le bassin de profil, en tournant davantage le pied arrière (environ 90 °).
Les hanches se placent latéralement, les bras s’étendent de chaque côté.
Le regard se fixe au-dessus des doigts de la main avant.
Les deux jambes restent actives : la jambe avant fléchie, la jambe arrière solide et enracinée.
Points d’attention
Le genou avant doit pointer dans la direction des orteils, sans s’effondrer vers l’intérieur.
Le torse reste vertical, centré entre les deux jambes.
Les épaules sont détendues, le regard stable.
Respiration
Ujjāyī
Le souffle accompagne chaque mouvement :
Inspire — expansion, ouverture du cœur, stabilité du bas du corps.
Expire — ancrage, recentrage, concentration du regard.
Chaque vague de souffle relie le mouvement à la conscience : l’action devient méditation.
✨ Symbolique intérieure
Les deux Guerriers incarnent les deux forces complémentaires du yogi :
Virabhadrāsana I : la direction, le courage, la montée de l’énergie vitale.
Virabhadrāsana II : l’ouverture, l’équilibre, la vision claire.
Entre les deux, le souffle Ujjāyī trace le fil invisible qui relie la volonté à la présence.
Il transforme l’effort en art du souffle, la puissance en conscience.
C’est là que le flow naît — dans cette union entre la force et la paix, entre la maîtrise et le lâcher-prise.
🌺 Conclusion
En pratiquant le flow du Guerrier I vers le Guerrier II, guidé par la respiration Ujjāyī, nous apprenons à incarner la stabilité, la fluidité et la présence.
Chaque inspiration nourrit la force intérieure, chaque expiration libère ce qui retient.
Ainsi, le souffle devient un océan intérieur sur lequel le corps danse — calme, puissant et vivant.
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